Elsa Cha
Mères
Au revoir mères montagnes. Merci.
Montagnes mères, montagnes terres, vous me preniez de tous vos bras immenses et chauds j’en étais ivre fascinée. Quel amour y a t il de plus grand que celui que vous portez, au sein de vos grottes, de vos vallées, de vos éboulis de rage, de vos cascades vives, de vos chemins tordus, au sein de vos seins, tétons saillants et auréoles de brumes. Montagnes ventres, ventres murmures je vous entends toujours quand le soir mes yeux se ferment.
Deux amoureux
2 amoureux qui s’embrassent et qui se serrent
et qui se caressent et qui se serrent et qui s’embrassent et jamais ils ne s’agacent. Parce qu’ils se regardent parce qu’ils se serrent alors jamais ils ne s’agacent.
C’est parce qu’ils s’aiment ces amoureux et qu’ils se regardent beaucoup comment il faut faire.
C’est qu’ils jouent à se serrer et ils ne veulent ne rien foutre
en l’air. Non ils ne veulent rien foutre en l’air.
Ils veulent juste s’aimer doucement s’aimer habilement
toujours s’aimer doucement.
Ta peau faisant de jolis petits ronds
Je voulais te crier mille mots pointus en te tenant par les cheveux.
Je voulais tirer ton bras et le serrer jusqu’à ce qu’il y ait ma trace
trois points bleus qui marquent. Je voulais t’enfoncer mon pénis jusqu’à ce qu’il me fasse mal, et que ma peau soit flétrie.
Je voulais me noyer dans toi, me perdre, à l’intérieur de ce maelström rouge et rose caillé et pourpre.
Je voulais te mordre pour sentir ta chair se déchirer
et entendre tes cris de plaisir ou de douleur
peu importe…
Mais je me suis contenté de te faire des baisers, de déposer mon souffle chaud sur ta nuque douce, de te caresser avec mes doigts tendres le long de ton corps tout entier. De te faire frémir, ta peau faisant de jolis petits ronds. De te murmurer une chanson moite
pour que nos jambes se collent, pour que nos corps se suivent,
mus par cette valse exotique.
Puis je me suis endormi en te serrant dans le creux du soir, après t’avoir tant désirée.
Publié dans la revue
« Le bout des Bordes ». Jean Luc Parant
Editions Actes Sud
L’ « Anthologie de la poésie érotique féminine Française contemporaine »
Editions Hermann
Je voudrais que tu sentes le parfum
comme ça je te respire.
J'aime l'odeur de l'eau de Cologne
mais sur toi quand même
je préfère le jasmin.
L’oiseau est devenu vulgaire et la fleur piquante et obscène
ou Les pleureuses
Tu as entendu un son, lointain, lointain.
C’était un oiseau rare
Que tu as mis sur ta main
Puis porté à ton cœur.
Le chant tout entier résonnait dans tes veines
Le chant tout entier passait dans tes reins.
Mais un jour la mélodie est devenue stridente et soudaine
et a fait pleurer la fleur,
Catharsis de trop de chagrin.
Nos corps se sont alors brisés en petits éclats.
Et l’oiseau est devenu vulgaire et morbide
Et la fleur piquante et obscène.
Ma main a caressé l’oiseau pour qu’il chante encore
Pourtant le son est resté lointain lointain ;
C’était un oiseau rare que tu avais mis sur ta main.
Publié dans la revue « Le bout des Bordes ». Jean Luc Parant
Editions Actes Sud
L’ « Anthologie de la poésie érotique féminine Française contemporaine »
Editions Hermann
La vierge de Fontainebleau
ou la vierge et la prostituée
L'automne est tombé sur notre promenade, le vert et le brun des fougères s'embrassant pour se dire un dernier au revoir.
Le grand chêne nous a accueilli dans ses sept bras et nous avons souri .
Suivant le trait bleu de la carte nous avons marché en se taisant.
Seuls nos esprits impatients se sont reconnus dans le chaos des rochers.
Des mains ont touché le dos de la tortue de pierre pour ceux qui ont bien voulu la voir.
Arrivés dans un désert des dizaines de petites feuilles jaunes, légères et courageuses,
sont descendues doucement nous caresser les cheveux, nous rappelant ainsi, par ces petits signes
que nous marchions vers des paysages différents.
Au bord de la route une femme en jupe très courte s'est penchée et nous avons fait un cauchemar.
Pour effacer ce vilain souvenir nous avons imaginé la vierge dessinée qui nous attendait quelque part.
Seule une téméraire l'a finalement croisée.
Nous aurons quand même vu le bleu, l'or et mille autres couleurs en souvenirs heureux.
Tu avais l’odeur de mes souvenirs
Je t’ai rapporté des bois de mon enfance.
Tu avais l’odeur de mes souvenirs.
Tes pétales dressés cherchaient un peu de soleil.
On avait caressé ta peau velouté, qui rappelait celle d’un petit animal, doux et tranquille.
Mais ces mains au dessus de toi
avaient aussi griffé cette enveloppe fragile,
leurs ongles faisant de petits traits,
qui te marquerait pour toujours.
Je t’ai alors déposée sur ton lit de mousse,
dans un endroit bien sûr,
me disant que ta vie pourrait être balayée par une forte bise.
Je t’ai alors déposé sur ton lit de mousse,
Cet endroit bien sûr,
Toi qui n’avais au départ,
pourtant pas de cicatrices.
Votre sourire à deux canines
Vos dents,vos corps abimés.Cette peau que l'on voit fripée et pliée. Vos mains tremblantes
essayant faiblement de retenir la vie. Votre voix soufflant un air faux les chansons de votre enfance,
celles des manèges aux petits chevaux de bois qui tournent. Votre démarche mal habile aux jambes arquées, portant le poids de ces lourdes années.
Vos iris voilés de blanc qui cachent ce que vous voudriez continuer à voir et ce que vous distinguez maintenant comme de vieux fantômes.
Et pourtant, votre sourire à deux canines est l'expression de votre détachement,
vos rires devenant si nobles. Vos pas lents et résignés se destinent à parcourir avec acceptation le chemin funeste. Vos paroles intelligentes et sages muries par vos visions pleines de grâce,
disent cette vérité immuable qui vous semblait jusque là étrangère.
Votre mémoire est emplie de souvenirs précieux qu’il faudrait rendre visibles pour tous, comme les images de vos valses effrénées les soirs de bal populaire, en rythme avec le tempo du temps, vous et l’autre ne faisant qu’un, vos cœurs en résonance battement contre battement. A jamais gravés,
dans l’instant du monde.
Ma bouche
Ma bouche est mère
Ma bouche me nourrit
Ma bouche siffle des airs
Ma bouche mouillée
Ma bouche louche
Ma bouche ouverte
Ma bouche t’entend
Ma bouche glisse
Ma bouche t’attrape
Ma bouche recrache
Ma bouche mots
Ma bouche sourire
Ma bouche dedans
Ma bouche timide
Ma bouche est intime
Ma bouche s’ouvre
Ma bouche respire
Septembre
Quel jour merveilleux
quand je vous ai entendu tous les deux
vous raconter l'éternité
dans cet instant de Septembre.
Hommage à Ophélie
J’ai pourtant commencé à marcher pour te rejoindre,
mais tu as disparu.
Alors j’ai fait de nous une image,
« Portrait d’une femme qui pleure » 2008. Techniques mixtes sur papier de soi.
La femme seule sur la carte, à pleurer longtemps. Et ses larmes ont mouillé le papier déjà déchiré de notre histoire.Et ses larmes ont coulé sur sa peau qui avait besoin de caresses. Et ses larmes ont glissé sur son cœur qui soupire. Et ses larmes sont devenues une rivière, où l’image finalement a été jetée.
Il y avait à côté Ophélie qui reposait.
J'ai fait des vœux dans mon harmonica. J'ai soufflé des phrases qui font du bien. Elles se sont transformées en musiques qui partaient de mon cœur.
Dire au revoir
Dire au revoir trois fois
Dire au revoir avec la bouche et les doigts
Creuser la terre, faire un nid.
Se préparer toute sa vie
Pleurer, te voir, ne pas pleurer, attendre, t’entendre qui se fige, ne pas cesser de te regarder, à défaut de souffle, parce que tes yeux si ouverts appellent à ne rien éviter de ce moment terrible et précieux , chanter, te toucher jusqu’à ce que ton corps déjà faible demande de le laisser.
Puis un soir de feux d'artifices, un cœur inopiné magnifique s'est dessiné dans le ciel quand je pensais à vous .
C'était beau et fou quand même.
J'ai souri dans la peine*•***
Mille fois
(Poème à continuer)
Je t'aurai bercé mille fois,
te tenant dans le creux de mon bras
tes mèches sûrement frisées
tombant un peu sur ton front.
Tu aurais fait mille pas incertains,
tournant sur les chemins, lassé
de tout ce que tu n'es pas
pour enfin franchir un pont de singe
décidant de ne pas tomber.
Mille fois que tes ongles battent le tempo sur le marbre de la table sourd.
Tes doigts tordus auront pourtant réussis à tracer 1000 lignes du mot « tranquille » sur ton cahier du soir.
Quelques battements de cœur envolés
ont résonné leurs échos
dans les mille vallées de mon âme.
J'ai retenu mille souffles d'enfant
en fermant les yeux desquels tu as pris la lumière.
Et je ne vois plus bien.
Mille efforts pour marcher vers soi même
arriver jusqu'à son corps
et quitter les voies fidèles
pour revenir dans sa chair.
J’aurai senti
tout contre ma joue
tes mille battements de cœur en vibrato
légers et puissants à la fois
signifiant que tu respires.
Mille fois mille que je te regarde te perdre
impuissante, pourtant voulant te soutenir,
alors que ta chute est une cascade,
et que ta chute me fait peur,
et que ta chute brutale me fige.
Je t'aurais dit au revoir par mille saluts mouillés de larmes
Et pourtant je te reverrai demain
Mille proverbes manichéens
notés sur un tableau de classe
que j'effacerai avec mes manches,
laissant à la place une fine poussière de Rorschach blanche formant un dessin
Un dessin
Oh -
je voudrais parfois qu’il devienne quelque chose, vite.
Les petits prémices, traits, glissés d’abord ne suffisent pas.
C’est une question de substance..
Parce qu’il y a beaucoup, déjà quelque part;
le feu crépitant,
la fièvre,
la bière
la baise, devant,
la mise en bière,
la châtaigne,
la braise, dedans,
la joie , les bouts de toi..
tes cheveux longs et bruns,
tes chants .
Pourtant je rêve d’escargot moite que je libère au dehors d’un studio photo.
Rien à voir ..
Le feu est un entremêla,
dessiner demande d’être patient.
Lunes
La lune
avec une circonférence parfaite,
Autour quelques nuages en file. Aussi bien mis.
C’est énorme c’est grand. Les yeux en savourent plein leurs mirettes.
Et le coq, les oies.. en échos.
L’immense espace est rempli de musiques de la gorge et du bec.
Ils se réveillent et jacquetent,
ça crie ça parle en dessous de la lune.
Le vent.
Au bout des feuilles, au bout des oreilles, caressant aussi les joues.
Il ne fait pas encore jour. Presque. Tout se
lève.
Ça appelle, ça murmure, ça bruisse, ça bat des ailes, mais pas trop fort, ce n’est pas tout à fait le matin, quand même ...